« Ah, enfin ! », s’exclame quelqu’un au balcon du Femina. Après plus d’une heure de discours, ce mardi soir devant un millier de personnes, Nicolas Florian vient d’aborder le thème de l’insécurité – sans toutefois promettre la lune pour lutter contre ce phénomène, outre son souhait déjà évoqué de patrouilles associant polices nationale et municipale.
Pas question par exemple, pour l’heure, d’armer cette dernière. Le ton est moins martial qu’il y a quelques semaines, ce qui semble décevoir certains des supporters du maire de Bordeaux, dont Philippe, un restaurateur de 56 ans :
« J’aurais aimé qu’il en dise un peu plus sur la sécurité car si Bordeaux n’est pas Toulouse ou Marseille, ce n’est plus une ville aussi “secure”. Il est beaucoup allé sur le terrain écolo, un peu trop. »
Emanant du millier de contributions réunies par son équipe de campagne, une grande partie des idées avancées ce mardi par 14 contributeurs, reprises et complétées par Nicolas Florian, ne dépareilleraient pas chez ses concurrents Verts.
Légumes de Base
Le successeur d’Alain Juppé propose ainsi notamment de créer un jardin potager sur le toit de la Base sous-marine, de parvenir à 50% de déplacements piétons, d’ouvrir « le plus grand centre de recyclage des matériaux de construction à la Jallère », de faire de Bordeaux une ville zéro déchet dès 2026, qu’à cette même date l’équivalent de 100000 habitants soient autosuffisants en énergie renouvelable produite sur le territoire…
« Je n’étais pas un militant dévoué à la cause environnementale, confesse Nicolas Florian au début de la soirée. Mais j’ai pris conscience comme beaucoup de l’urgence sur le climat, et j’ai été marqué par ces jeunes qui ont manifesté pour nous dire : “Maintenant, il faut agir”. »
Le score des écologistes aux élections européennes à Bordeaux, puis les sondages plaçant la tête de liste EELV Pierre Hurmic au deuxième tour, dans un mouchoir de poche avec le maire, ont sans doute achevé de convaincre ce dernier. Celui-ci a ces derniers mois multiplié les actions dans le champ environnemental, du plan « Marche à l’ombre » à l’objectif zéro plastique, en passant par l’abandon du projet immobilier sur la Jallère ou la volonté de développer les transports fluviaux.
Idées bateaux
Au Femina, il a ainsi rappelé que s’il est élu, 30 millions d’euros seront consacrés à neuf nouveaux pontons sur la Garonne pour développer le réseau des BatCub, dans le cadre de la future délégation de services publics (DSP) transports de Bordeaux Métropole. Nicolas Florian a même promis que le fleuve serait consacré 9e quartier de la Ville, avec un élu et une équipe affectés.
Il a par ailleurs repris à son compte une idée de Jean Touzeau, le maire de Lormont : celle d’un nouveau pont sur la Garonne entre Bassens et la zone d’activité de Bordeaux Nord, afin de « revitaliser » cette dernière (où serait aussi relié les lignes C et B du tram, pour mieux desservir le quartier du nouveau stade).
Ce franchissement est d’ailleurs l’une des rares propositions d’infrastructure d’envergure, même si Nicolas Florian veut ouvrir des maisons dédiées respectivement aux femmes battues, aux entrepreneurs ou encore aux aidants, ainsi qu’une Cité de l’Alimentation locale au MIN (marché d’intérêt national).
Il parait toutefois loin le temps des maires bâtisseurs, Jacques Chaban-Delmas ou Alain Juppé. Pour prolonger l’ère gaulliste entamée il y a 75 ans à Bordeaux, leur successeur jure souhaiter avant tout un Bordeaux « plus humain », « plus sobre », « plus inclusif ».
Antisocial tu perds ton sang froid
Leçon du mouvement des Gilets jaunes et du ressentiment contre la métropole millionnaire ? Déception de ne pas encore (ou plus) avoir d’adversaire socialiste ou d’extrême-gauche désigné ? Toujours est-il que le candidat encore encarté chez Les Républicains a donné ce mardi dans le social : promesse d’accélérer la construction de logements sociaux pour atteindre l’objectif des 25%, volonté de construire des logements en accession abordable (3000€/m2) avec bail réel solidaire, ou encore de créer des conservatoires dans chaque quartier de Bordeaux…
Un clin d’œil davantage destiné à l’électorat traditionnel de la droite bordelaise a été chaudement applaudi : Nicolas Florian promet des lieux de logistique urbaine permettant aux clients de récupérer des commandes passées en ligne sur la « plateforme de commerce numérique » fédérant les enseignes bordelaises – une proposition visant à court-circuiter Amazon et à limiter ainsi le trafic en ville.
La liste le 15 février
Ce mardi, Nicolas Florian n’a pas indiqué quel serait le financement de son programme, qui sera intégralement présenté le 28 ou le 29 janvier, avant l’annonce de sa liste le 15 février. Celle-ci pourrait intégrer quelques un des 14 contributeurs qui ont manifesté au Femina leur soutien au maire, comme le chef d’entreprise Frédéric Petit, l’avocate Clarisse Casanova ou Alexia Demirdjian (ex-membre de l’équipe de campagne de François Fillon).
A la sortie du théâtre, certains comme Jean-Paul, 75 ans, ont salué des propositions « allant dans le sens du gaullisme social incarné en son temps par Alain Juppé » :
« Il a bien pris conscience des problèmes qui se posent en termes d’environnement, et la ville doit épouser son temps. »
D’autres redoutent qu’à trop chercher la triangulation avec l’adversaire, l’électorat bordelais ne préfèrent l’original à la copie.
« Mais les municipales, ce sont avant tout une histoire d’hommes, pas de partis ou d’idéologies », veut croire Philippe.
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